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Envoi du manuscrit

J’ai envoyé une première fois le manuscrit à la poignée de maisons d’éditions françaises qui  éditent de la science fiction. C’était début 2014, nous étions aux Etats-Unis et Cosmogonies se présentait alors encore en trois tomes ; j’ai donc envoyé le premier livre seulement. J’en ai passé des heures à la boutique d’impression ouverte 24h/24h de notre petite ville au Colorado ! Mes visites à la poste m’ont coûté une fortune en envois internationaux.

Tous les éditeurs que j’ai contactés m’ont répondu cordialement, mais personne n’a pris le manuscrit, car “s’engager sur une trilogie écrite par un auteur inconnu n’est pas une bonne idée, commercialement”. Deux amis critiques littéraires français m’ont confirmé ce fait : ma trilogie n’avait aucune chance à ‘l’édition traditionnelle’, à moins que j’aie “des contacts dans le milieu de l’édition française”. Pour moi, qui venais de passer  17 ans à l’étranger et qui n’étais même pas en France, ces ‘contacts dans l’édition française’ n’existaient pas.

Très bien. J’ai donc passé quelques mois à réécrire le livre en un seul tome. Nous sommes rentrés en France en milieu 2014 et je l’ai reproposé, sous sa forme actuelle, à peu de choses près. Cette fois-ci, j’ai eu une paire de réponses positives. J’étais si excitée !!

Malheureusement, après avoir étudié les termes des contrats proposés, j’ai abandonné l’idée : être édité dans ces conditions était tout simplement une farce.  On me demandait de céder l’intégralité des droits, de participer indirectement  aux frais d’impression et d’être heureuse avec moins de 5% de marge éventuelle, reversée une fois par an sans que je n’aie aucun moyen de vérifier le nombre de ventes. La version numérique du livre serait proposée à un prix complètement hallucinant, sur lequel je n’avais pas mon mot à dire. J’aurais dû accepter tout cela pour l’impression de seulement 2000 exemplaires, accompagnés d’un plan de comm tristement standardisé,  auquel personne n’aurait pu croire – même pas moi, qui suis pourtant du genre positif à voir le bon dans chaque chose.

Bref, j’ai été déçue. Mes circonstances personnelles en ont rajouté une couche : mon nouvel emploi français m’a engloutie toute entière. A la merci d’un burn out (qui a fini par arriver, mais cela est une autre histoire), j’ai dû mettre en suspens mes efforts de publication jusqu’à être en mesure de m’en occuper vraiment.

Mais je n’ai jamais abandonné. Dès que le moment propice s’est présenté, sous la forme d’une rupture de contrat avec mon employeur, j’ai repris les rênes du projet en main, cette fois-ci en étudiant sérieusement l’auto-édition. J’avais déjà compris que c’était ma meilleure piste pour publier Cosmogonies dans son intégralité, sans le livrer comme un objet sans âme à un ‘éditeur’, qui n’y a sans doute jamais rien vu d’autre qu’une opportunité de faire trois sous.

J’ai choisi la plateforme Lulu.com, car elle avait déjà servi de tremplin à plusieurs amis auteurs indépendants dont je respecte le jugement et admire le travail. J’ai préparé inlassablement mes fichiers pour fignoler la mise en page du texte. J’ai trouvé le modèle idéal de mon héroïne pour la couverture et elle a gentiment accepté de poser pour Cosmogonies devant l’aéroport de Marseille Provence (Merci Nanou !). J’ai demandé l’aide d’un ami photographe pour la photo (Merci Patrick!). J’ai écumé les archives de la NASA pour trouver une image de notre étoile, le Soleil, qui conviendrait. Enfin, j’ai recruté un ami graphiste pour mettre le tout en forme (Merci Didier !).  Ensuite, je me suis lancée dans la fabrication d’une variété de formats numériques, quelque chose de complètement nouveau pour moi.

En quelques mots, ce fut une période d’apprentissage en accéléré du monde de l’édition, ce monde mystérieux qui m’avait toujours un peu effrayée. Mais la joie de cette collaboration, un véritable travail d’amour, a été plus forte et a renversé tous les préjugés, tous les à priori qui auraient pu encore me retenir. Je le savais déjà mais je l’ai ré-appris : l’appréhension est toujours un peu la même à chaque fois que l’on entreprend quelque chose de nouveau et la satisfaction à l’arrivée est toujours la même aussi. En quelques semaines, le dragon a été dompté ;  en Octobre 2016, j’ai reçu le premier ‘exemplaire test’ à revoir.

Une grande joie, un sentiment de réussite incomparable s’est emparé de moi. Cosmogonies, le livre, était prêt ; prêt à être partagé.

Je lui ai alors créé une page Facebook et un compte Twitter, une plateforme complètement nouvelle pour moi. Et j’ai commencé à parler de lui… Quelle joie de rencontrer d’autres auteurs indépendants, de voir tant de talent, tant d’énergie créatrice ! Quel bonheur de sentir l’enthousiasme de tant de lecteurs, de blogueurs et de blogueuses passionnés ! J’ai été aspirée dans un monde merveilleux, peuplé de gens qui sont sur la même longueur d’onde et dont le support créatif m’a donné chaud au cœur.

Je n’ai pas trouvé d’éditeur, mais j’ai trouvé une famille. L’auto-édition est la plus belle chose qui aurait pu arriver à mon livre, à moi, à tout auteur qui aime son œuvre.

Peu à peu, je vois la communauté Cosmogonies grandir et son histoire extraordinaire, qui m’a pris tant d’années à écrire, être partagée. Je sais que ce ne sont que les premiers pas… la suite, nous la verrons ensemble !

LIVRE

Le Noël de Cosmogonies

 

 

 

Je ne sais pas de quoi notre futur sera fait, mais je peux vous parler de la fin d’année 2020. Plus précisément, du 24 Décembre 2020. Ce soir-là, à Paris, il neigera plus que de coutume. Un jeu télévisé hilarant passera sur la dix-septième chaîne vers 23 heures, si ça vous dit. Toute la patrie sera à la fête, au moment… des faits.

Qui aurait pu imaginer les évènements extraordinaires qui secoueront notre bonne vieille Terre en ce terrible 24 Décembre 2020 ? Et surtout, comment en arriverons-nous là ??

Cosmogonies nous décrit en détail l’arrivée, mais pas le point de départ. Le point de départ de cette situation qui semble sans issue au 24 Décembre 2020, c’est maintenant ; c’est aujourd’hui : c’est fin 2016.

La fin d’année est une période de bilan, une période de réflexion, alors,  profitons-en pour  cogiter quelques instants sur notre réalité. Car notre réalité nous appartient : il ne tient qu’à nous de la changer, pour le meilleur, ou pour le pire.

 

 

En fin d’année 2016, nous sommes trop nombreux à essayer de penser le moins possible ; à nous dépêcher de passer dans la rue en ignorant le plus possible les inconnus grelottants croisés sur notre chemin. Nous nous souhaitons ‘Joyeuses fêtes’ plutôt que ‘Joyeux Noël’, pour rester le plus neutre possible : on fait tout pour éviter le faux pas de l’allusion à une religion.

Et pourtant, au-delà des cultures et des religions, nous sommes tous pareils !

Reprenons les rennes de nos vies, nous sommes tous responsables de nos trajectoires et de toutes les vies que nous touchons, de près ou de loin, directement ou indirectement. C’est l’un des grands messages de Cosmogonies.

 

 

Dans Cosmogonies, juste un poil dans le futur, au moment de Noël 2020, ce n’est pas une attaque terroriste qui vient mettre en question notre futur à tous ; c’est l’amalgame de toutes les actions de chacun d’entre nous. Ce Noël-là, c’est le moment où les conclusions de nos actions, qui s’ébauchaient jusqu’alors dans l’ombre, entrent en lumière et prennent soudain toute la place. Ce Noël-là, ce n’est pas une fête religieuse. Ce n’est même pas une fête. C’est un soupçon de quiétude, avant la tempête.

Heureusement pour nous tous, il nous reste encore quelques années avant d’y être. S’en sortent-ils, dans Cosmogonies ? Aujourd’hui, que pouvons-nous faire, pour être dans le vrai ? Le message d’espoir du livre retentit haut et fort jusque dans notre réalité : écoutez le chant de votre âme.

 

 

En cette fin d’année 2016, serrez fort ceux que vous aimez dans vos bras. N’attendez plus : le temps passe trop vite… 2020 arrivera dans un instant. Tendez une main amicale aux inconnus, osez aborder les plus démunis pour leur venir en aide, pour leur offrir ne serait-ce qu’un sourire, une marque de reconnaissance de leur humanité, qui est la même que la vôtre. Réalisez que tout ce que vous faites, tout ce que vous pensez, a un impact  véritable  sur ce qui vous entoure. Vous n’êtes ni seul, ni impuissant, loin de là !

 

 

Cosmogonies est le récit de chacun d’entre nous, de nos choix et de leurs conséquences ; de notre prise de conscience commune. Quel que soit votre  âge ou vos origines, Cosmogonies vous rassemble autour du meilleur de vous-mêmes.

Je vous souhaite à tous de merveilleuses fêtes de fin d’année, comblées de lumière et d’amour !

Vers un 2017 vécu dans l’harmonie, en pleine conscience.

 

 

Marilyne Walker

 

 

Marie : portrait chinois impromptu

 

 

marie-bureau

 

Marie sort du travail. Elle marche vite et ses talons claquent sèchement sur l’asphalte du centre d’affaires presque désert : il est tard, elle est la dernière à quitter son bureau. Il fait froid à Amsterdam dans ce début d’hiver et la brume se lève ; elle souffle sur ses mains gantées en frissonnant.

Elle s’engouffre dans un passage aménagé entre les bâtiments, vers la lumière trop vive d’un centre commercial. Alors qu’elle ramasse un panier pour transporter ses maigres courses du soir, deux employés du magasin l’accostent en souriant, nullement découragés par le regard noir qu’elle leur lance.

 

  • Bonsoir ! Accepteriez-vous de répondre à quelques questions pour notre grand jeu ‘à la rencontre de nos clients’ ?
  • NON. Prenez quelqu’un d’autre, je suis pressée.
  • S’il vous plaît… Vous êtes la dernière pour ce soir ! Nous vous offrons un bon d’achat surprise pour moins de cinq minutes de votre temps !!

(L’employé de gauche trépigne en agitant une petite enveloppe qu’il tient dans la main. Marie soupire bruyamment.)

  • Bon… moins de cinq minutes alors, sinon je pars et tant pis pour mes courses !
  • Super, merci ! Alors : quel est votre plat préféré ?
  • Euh… et bien… Les croissants fourrés au fromage et au jambon. Faits par ma grand-mère !
  • Le son, le bruit que vous préférez ?
  • Techno !
  • Le son, le bruit que vous détestez ?
  • Clic … cliquetis-clac … clic-clic…

(Les deux employés la regardent sans comprendre)

  • … le bruit d’un clavier d’ordinateur, quoi ! Je passe mes journées à pianoter sur ces machines, ça rendrait dingue n’importe qui…
  • Votre drogue favorite ?
  • Houlà ! Vous êtes sûrs que c’est pour le supermarché votre enquête ? (elle s’esclaffe) Eh bien, pour moi, c’est le vin – d’ailleurs, c’est ce qui m’a motivée à m’arrêter au supermarché à cette heure-ci !
  • Quel homme ou femme choisiriez-vous pour illustrer un nouveau billet de banque ?
  • Ma copine Mélodie. Elle est trop classe !
  • Votre mot préféré ?
  • Allez !!!
  • Le mot que vous détestez ?
  • Mais…
  • La plante, l’arbre ou l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?

(Elle roule des yeux, l’air agacé)

  • …mais j’en sais rien, enfin ! C’est quoi cette question ? …En moi ! Je voudrais être réincarnée en moi.
  • Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire ?
  • Bon, je vous préviens : celle-ci, c’est la dernière ! J’y réponds parce que c’est évident : « Salut ma grande ! Bien joué pendant l’échauffement. Maintenant tu continues tout droit, première porte à gauche pour le deuxième niveau ».

 

Les deux employés se regardent, incertains. Marie profite de leur instant de surprise pour chiper le bon d’achat de la main du jeune homme et l’agite sans se retourner en signe d’au revoir. Elle passe les tourniquets du magasin et disparaît dans les rayons.

 

 

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Premier Chapitre

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L’esprit du voyage

 

Londres, 9 Décembre

 

Un autre aéroport. Une autre attente dans un couloir de débarquement, fabriqué en papier mâché, trop étroit pour laisser circuler plus d’une personne : embouteillage ; étranglement. L’air blasé, Mélodie prend sa place dans la queue.

A l’atterrissage de ce vol transatlantique 3160 en provenance de Vancouver, la foule s’est machinalement distribuée en deux tribus : les voyageurs seuls et les autres. Elle fait partie de la première catégorie.

Le grand troupeau qui ne beugle pas descend, un par un. Isolée dans sa bulle de musique privée, Mélodie observe les petits groupes, en effervescence à l’arrivée.

Elle est fatiguée, le corps en pièces, la tête à la fois vide et encombrée – mais soulagée.

…Londres. Retour à la case départ.

Sous l’effet grisant de son changement de destination de dernière minute, elle n’a pas dormi un instant durant ces dix heures de vol. Elle s’est plongée avec bonheur dans l’univers réduit de l’avion, buvant les mini-bouteilles de vin, dévorant les mini-snacks, hypnotisée par le mini-écran fixé au dos du siège devant elle.

Engourdie par la fatigue, embrumée par l’alcool, elle ressasse ses derniers jours à Vancouver.

Tout s’était pourtant si bien passé… Ma toute première expo multimédia, un vrai succès ! J’étais tellement contente ! Jusqu’à ce que cette inconnue, cette vieille hippie désaxée, vienne me mettre la honte devant tout le monde…

Je n’arrive pas encore à croire que cela m’ait retournée au point de changer mon vol de retour pour venir ici, à Londres, au lieu de rentrer chez moi, à Amsterdam. Encore une décision prise sur coup de tête… Certainement pas la dernière.   

Cette pensée fait danser un sourire léger sur ses lèvres, pendant que son corps avance en pilote automatique. Entravée dans sa progression par le rythme lent et balourd de la foule des passagers, elle se traîne vers la sortie, remorquant avec difficulté ses bagages derrière elle. Trois sacs à roulettes et son sac à main en bandoulière : elle est encombrée au maximum.

Oh la la… VITE, UNE CIGARETTE !

Elle ne remarque pas les regards qui se posent clandestinement sur elle, ces yeux qui la convoitent ou qui l’envient à la sauvette. Ses cheveux caramel hirsutes et son visage fatigué sans trace de maquillage n’arrivent pas à entraver sa beauté naturelle. Sa tenue de voyage, un vieux jean sale et une veste polaire trop grande pour elle, ne cachent pas assez bien l’équilibre troublant de son corps svelte. Sauvageonne, indisciplinée ; une reine sans royaume.

Elle dépense une quantité colossale de calories dans ce processus de sortie, mais parvient à arriver à l’extérieur de l’aéroport avant les autres. A peine dehors, elle s’assoit lourdement sur la bordure métallique d’un casier à chariots.

Ses bagages s’écrasent au hasard autour d’elle sans qu’elle n’y prenne garde : son attention est absorbée toute entière à extraire un paquet de son carton de cigarettes ‘duty-free’ tout neuf. Sa cigarette enfin allumée, elle exhale voluptueusement plusieurs nuages de fumée bleue, satisfaite. Malheureusement, cet instant de répit est vite troublé par une sale petite voix dans sa tête ; une petite voix qu’elle connaît bien.

Tu es revenue à Londres, pour chercher à savoir, pas vrai ? Mais tu n’auras jamais le courage … Comme d’habitude, tu t’es donnée les moyens d’agir, mais tu ne vas rien en faire.

Elle regarde au loin, laissant jacasser la voix malvenue : elle sait qu’elle finira par se taire, si elle l’ignore complètement. Quelques cigarettes plus tard, sa voix rauque retrouvée, elle se relève en toussotant, direction le bureau d’information de l’aéroport d’Heathrow.

Il n’est même pas encore neuf heures ; je vais attendre jusqu’à midi avant de tenter un appel. Pourvu que les potes soient là !

Son portable est déchargé depuis presque deux jours. Elle localise une prise à l’intérieur, branche son téléphone, puis s’écroule contre le mur adjacent les yeux fermés.

Il n’y a pas le feu au lac.

***

A midi tapant, sa contenance passe de léthargie à frénétisme en un quart de seconde. Un grand sourire s’affiche sur son visage à la pensée de parler à son vieil ami de fac, Patrick ; mais son portable émet un son désapprobateur et lui transmet une messagerie vocale. Elle tente Pete, puis Oliver, puis Alex… Sans succès.

Pouffant de frustration, elle se décide à appeler sa meilleure amie à Amsterdam : Marie.

J’essayerai les autres à nouveau après. Marie, elle, doit être au boulot : je sais qu’elle répondra.

Et elle n’est pas déçue. Après juste trois sonneries, Marie décroche et lui lance, d’une voix lasse vaguement agressive :

  • Yeah, Marie speaking. Who is this ?[1]
  • Coucou ! C’est Mélodie !

En quelques phrases très colorées, Mélodie raconte sa dernière aventure canadienne et son arrivée impromptue à Londres. Les deux amies s’esclaffent ensemble bruyamment quand tout à coup, Mélodie prend un ton sérieux et lui raconte… l’incident.

  • Alors voilà. Ma démonstration venait de s’achever et je commençais la session questions-réponses. Il y avait une de ces foules autour de l’installation, j’étais si contente ! Et là, une femme s’est approchée. Elle venait du stand d’à côté, intitulé ‘canalisation de l’énergie humaine’ : un montage avec un écran géant et des boîtiers-senseurs. Leur programme déchiffre soi-disant l’énergie des gens captée par les senseurs et décode leur essence immatérielle, qui est alors affichée sur l’écran. On y voyait des formes mouvantes en couleurs. C’était sûrement un simple programme de fractales ; une arnaque de hippie quoi.
  • Voir les âmes des gens ? C’est du grand n’importe quoi !
  • …Elle m’a présenté son petit boîtier et m’a demandé d’essayer son joujou. Evidemment, je savais que c’était du pipeau, mais bon, tu me connais : c’était ma première expo et j’ai voulu faire bonne impression dans la collective. Du coup je lui ai souri et j’ai mis la main dedans.
  • Et…?
  • …L’écran a été court-circuité. Une grande explosion de sons et de lumières a éclaté et leur montage a sauté. Quant à la fille, elle est partie en courant, en hurlant : « Vous n’êtes pas humaine !! ». Les gens qui étaient venus poser des questions sur mon installation étaient consternés. Ça a été

Marie s’insurge, déballant en moins d’une minute un nombre impressionnant d’insultes à l’attention de l’inconnue. Mélodie la laisse épancher son outrage, puis interrompt doucement le flot de grossièretés.

  • Oui… Enfin, je suis contente d’avoir pu t’en parler. Ça m’enlève un poids.
  • Ma puce, ne te laisse pas influencer par ces débiles : clairement, c’est eux qui ont des problèmes, et des gros ! Enfin… Parlons d’autre chose. Tu es libre pour Nouvel An ?
  • Je viens de rentrer, je n’ai encore rien de prévu. Toi, tu fais quoi ?
  • Je pars en vacances en Indonésie ! Pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi ? J’ai déjà réservé un logement de rêve à Bali, tu n’as que le vol à payer ! Ce serait trop fort !!!

Mélodie ferme les yeux et sourit : « Marie est complètement folle, mais qu’est-ce que je l’aime ! ». Elle imagine le visage plein d’anticipation de son amie à l’autre bout du fil.

  • Je ne sais pas, je vais voir combien il me reste sur le compte. Bali, c’est pas cher, c’est peut-être jouable… Je te dirai le plus vite possible. Mais tout d’abord, je dois trouver un endroit où crécher ce soir.
  • T’inquiète pas, tu connais toute la ville ! Tiens, tu savais qu’Angelo a un nouveau squat ? Appelle-le !

Elles se disent au revoir et Mélodie raccroche, rigolarde. Cet épanchement lui a vraiment fait du bien. Elle tapote un nouveau numéro sur son portable, maintenant chaud et moite. L’appel s’avère fructueux :

  • Angelo ? Hello baby, it’s Mélodie !

En moins de trois minutes de conversation, Mélodie a réglé son problème d’hébergement pour les quelques jours à venir. Elle finit de gribouiller une adresse n’importe comment sur son petit carnet de voyage et se lève, radieuse : direction le Tube, le métro londonien.

La route jusqu’à Brixton, terminus Sud, sera longue. Il lui tarde d’arriver, mais elle ne s’inquiète pas outre-mesure des contrariétés à venir : l’aventure reprend.

C’est tout ce qu’elle voulait.

 

 

[1] Oui, Marie à l’appareil. Qui c’est ?

 

 

Interview de Jog

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(Un érêtien un peu essoufflé apparaît en gros plan sur les écrans et s’adresse avec  enthousiasme à un public invisible)

 

Quelle joie de pouvoir partager l’interview la plus exceptionnelle de l’histoire *EN DIRECT* avec vous tous ! J’imagine que comme moi, vous êtes tous chamboulés d’émotion : nous sommes sur le point de parler à Jog *EN PERSONNE* !!

Je n’arrive pas encore à croire que Jog ait accepté de répondre à quelques questions, ce miracle doit être dû à la présence d’Alias à son bord : *MERCI ALIAS* d’avoir convaincu l’être le plus important de l’Univers à nous parler enfin !!!

 

(le reporter prend un air conspirateur et continue sur un ton plus calme)

 

Comme vous le savez tous, Jog, seul enfant de la Première Mère Modifiée, est l’acteur principal de l’Implantation et de la Réimplantation de chaque Mère : autant dire que sans Jog, il n’y aurait pas de vie dans l’Univers.

Durant les quelques minutes qu’il nous a accordées, nous allons essayer que mieux comprendre *QUI* est Jog.

 

(l’équipe technique s’affaire à l’arnacher à une grosse machine tout autour de lui)

 

Pendant que nous finissons l’installation de mon équipement de protection, je tiens à remercier toute l’équipe du Bureau Central, qui nous a accordé l’usage de son matériel de pointe pour pouvoir établir la communication avec Jog. Évidemment, la *voix* de Jog est tellement puissante qu’elle m’aurait réduit en lambeaux !

Que va donc pouvoir nous apprendre cet être extraordinaire ??

 

(visiblement, le présentateur reçoit un signal ; il acquiesce et son visage s’éclaire d’un grand sourire)

 

Ah ! On me signale que la communication est établie ! Jog ? Nous entends-tu ?

 

OUI

 

(la machine de protection qui l’entoure se renverse, le reporter se retrouve plaqué au sol. Il s’extrait péniblement des branchements)

 

Excusez-moi, j’étais prévenu, mais malgré ma formation préalable et tout cet équipement, ça surprend quand même…

 

(l’air effaré, il appelle les techniciens pour faire plus de réglages sur la machine dans laquelle il est imbriqué tout entier. Il s’y repositionne, ravale son appréhension et sourit de toutes ses dents)

 

Voilà, ce devrait être mieux, merci les gars !

Alors, Jog : Bonjour ! Nous tous Erêtiens te saluons !

 

… (Jog ne répond pas)

 

(Le reporter attend un tout petit peu trop longtemps la réponse qui ne vient pas ; il reprend plus lentement, un peu embarrassé)

 

Très bien… Nous mourons tous d’en savoir plus sur toi, Jog : pourrais-tu nous parler de ton parcours en tant qu’Implantateur ?

 

… (Jog ne répond pas)

 

OK… Désolé chers Erêtiens, je pense que ma question n’est pas assez précise pour Jog. Je vais essayer autre chose.

Jog, comme tu le sais, aucun d’entre nous ne t’a jamais vu : pourrais-tu nous dire à quoi tu ressembles?

 

JE SUIS FAIT DE LA MATIÈRE DES MÈRES. JE M’ASSEMBLE ET JE ME DÉSASSEMBLE SELON LA FORME DES MÈRES QUE JE TRANSPORTE, DONC JE N’AI PAS DE FORME PROPRE.

QUAND JE VOYAGE SEUL, JE SUIS PLUTÔT OVALE, PAR PRATICITÉ.

 

(l’animateur est visiblement soulagé d’obtenir une réponse, il reprend avec enthousiasme)

 

Ah! Très bien! Très, très bien! Certains t’ont surnommé l’être-planète : est-ce dû à ta taille?

 

JE NE SAIS PAS. COMMENT SAURAIS-JE LE POURQUOI DES ACTIONS DES AUTRES?

 

(un peu décontenancé, le présentateur se reprend vite et continue)

 

Bien sûr… Mais tu es immense, n’est-ce pas?

 

POUR VOUS, OUI. J’AI LA TAILLE D’ÉRÊT.

 

(l’interviewer s’étrangle et continue d’une voix trop haut perchée)

 

Erêtiens, vous entendez ?? La taille d’Erêt, notre planète !! Imaginez-vous un être pareil !!!

Jog, raconte-nous : comment arrives-tu à trouver les Mères que nous te demandons d’Implanter, dans l’immensité de l’Univers?

 

J’ÉCOUTE LA MÈRE QUE VOUS AVEZ CHOISIE.

 

Tu … quoi? Je ne comprends pas. Peux-tu élaborer?

 

JE PARLE LE LANGAGE DES MÈRES. LORSQUE VOUS M’ENVOYEZ UNE REQUÊTE-SERVICE POUR IMPLANTER UNE MÈRE, J’ÉCOUTE L’UNIVERS POUR TROUVER SON CHANT.

QUAND JE L’AI ENTENDU, JE ME METS SUR SA FRÉQUENCE, ET J’Y SUIS.

NOUS SOMMES TOUS PARTIE DU MÊME TOUT.

 

(le reporter roule des yeux écarquillés et trépigne, malgré les branchements qui le maintiennent en place)

 

Le ‘langage des Mères’ !!! Erêtiens, c’est incroyable, vous entendez ça? C’est un véritable scoop, qui aurait cru…!!!

Continuons : comment se passe ton implantation avec Alias? Raconte-nous !

 

VOUS M’AVEZ FOURNI DES PARAMÈTRES RIDICULES. LA MÈRE EST TROP ÉLOIGNÉE DE SON OBJET D’IMPLANTATION. DE PLUS, ELLE EST BEAUCOUP TROP LARGE POUR S’Y INSTALLER HARMONIEUSEMENT.

LE BON SENS AURAIT DICTÉ UN CHOIX DIFFÉRENT.

 

(le présentateur grimace, puis émet un petit rire forcé)

 

Eh bien, ça c’est une réponse franche ! Les ingénieurs du Bureau Central, vous entendez ça ? Il faudra faire mieux la prochaine fois !

Donc, tout ce passe bien avec Alias? Comment va-t-il?

 

JE NE SAIS PAS. TOUS SES SYSTÈMES SONT FONCTIONNELS.

 

(à nouveau, le reporter est clairement déstabilisé, mais il se reprend vite et repart de plus belles)

 

Bon, j’imagine que c’est l’essentiel, n’est-ce pas, chers téléspectateurs? Passons à un autre sujet.

Jog, dis-nous : qu’est-ce que tu aimes ?

 

… (Jog ne répond pas)

 

J’imagine que la question est à nouveau trop vague pour Jog, voyons voir…

 

J’AIME… RIRE.

 

(le reporter se détend visiblement)

 

Ah ! Voilà une belle réponse ! Tu aimes rire ?

 

OUI. ALIAS M’A MONTRÉ LE RIRE. J’AIME. C’EST BIEN.

 

Excellent… ! Tout à fait excellent ! Et dis-nous donc, qu’est-ce que tu n’aimes pas, Jog ?

 

VOUS.

 

(cette fois-ci, le reporter est vraiment désarçonné, il bafouille)

 

…C-c-comment ? Que veux-tu dire ? Je…

 

VOUS, LES ÉRÊTIENS. JE NE VOUS AIME PAS.

 

(le service de sécurité arrive en force et déconnecte l’appareil autour du reporter, malgré ses protestations. L’image est interrompue, puis un texte s’affiche sur tous les écrans)

 

« Veuillez nous excuser pour cette interruption, liée à un problème technique.  Nous reprendrons l’émission dans les plus brefs délais. »

 

 

Dis-moi d’où tu viens et je te dirai qui tu peux être

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Que vous vous soyez ou non sciemment posés la question ‘d’où venons-nous ?’, vous avez tous une réponse, en laquelle vous avez choisi de croire – ou pas !
Que ce soit la genèse de la Bible, la légende de l’œuf cosmique, l’Arbre-Monde sur lequel reposent les neuf mondes – nous avons tous entendu au moins une histoire de création du monde.

 

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Ce sont ces croyances ancestrales, les cosmogonies, qui se rattachent à nos sociétés et font partie de nos cultures. Les différentes morales qui sont embarquées dans les récits cosmogoniques façonnent les valeurs fondamentales de chaque groupuscule humain, de chaque société. On ne s’en rend pas compte, on n’y pense pas, mais elles sont là, en toile de fond. Elles nous définissent, insidieusement, mais indubitablement.

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Alors,  ‘qui sommes-nous?’

Les sociétés traditionnelles ont défini chacune leur propre cosmogonie, pour que le groupe d’humains qui la compose ait une ébauche de réponse à cette question. Pour qu’ils en découlent quelques valeurs basiques, globales à leur groupe et certainement nécessaires, du moins aux premiers humains, pour pouvoir avancer, sans buter sur le trou que l’absence de vraie réponse à la question présente.

 

Mais ces acquis ancestraux véhiculent aussi, à mon sens, deux défauts inhérents.
Ce sont eux que j’ai cherché à détourner en écrivant Cosmogonies.

 

Tout d’abord, le morcèlement de notre espèce. Ces visions disparates nous divisent trompeusement en groupuscules sociétaires, alors qu’aujourd’hui plus que jamais, nous devrions tendre vers l’unité.

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Ensuite, l’absence de questionnement. S’il était nécessaire aux premiers Hommes pour leur permettre de focaliser sur les aspects concrets les plus pressants de leur évolution, ce vide est aujourd’hui franchement contre-productif : nous avançons comme des machines, sans prendre le temps d’observer autour de nous, sans plus nous poser de questions fondamentales et vitales.

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Avec Cosmogonies, j’ai voulu rouvrir le débat des origines et surtout de l’avenir des peuples.

 

Pour pouvoir nous unir tous, dans la définition de ‘qui sommes-nous?’, j’ai imaginé une cosmogonie universelle, qui s’appliquerait non seulement à tous les humains, mais aussi à chaque être vivant dans l’univers. Libérés des différences culturelles qui nous ont été léguées à travers notre héritage communautaire, il devient possible de réfléchir à ce ‘qu’être un humain’ signifie vraiment.

 

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Ce livre, c’est ce récit même. C’est ‘Cosmogonies’, au pluriel, car l’histoire englobe toute société, tout groupement d’individus, dans un seul et même mécanisme de création.

A travers les aventures des personnages principaux, j’ai transposé la découverte de ce mécanisme universel dans des yeux d’humain, d’extraterrestre et même d’un être-planète omniscient, pour que nous puissions suivre leurs éclairs de compréhension respectifs et partager leurs découvertes, de leurs points de vue différents. Pour que nous puissions tous en dériver nos propres conclusions, en toute sécurité, sans être bloqué par nos propres croyances, nos propres cultures, nos propres acquis.

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Je suis convaincue que notre monde n’est pas perdu : il est à l’aube de sa propre renaissance. Il ne tient qu’à nous de lui insuffler l’énergie dont il a besoin pour prendre son essor.
Ce livre est construit sur un message d’amour universel qui apporte une onde positive et, je l’espère, constructive, en fournissant un terrain propice à la réalisation et à la prise de responsabilité

Bienvenue dans Cosmogonies, un roman extra-ordinaire, conçu sur une échappée imaginaire obligatoire, où tout est nouveau, rien n’est acquis, tout est à découvrir.

 

 

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